mardi 15 mars 2011

La fuite

Il ne pensait à rien. Il plongeait progressivement dans le "sommeil". Il perdait petit à petit confiance. C'était tellement agréable. Il ne ressentait plus aucune douleur, seulement un bien être incommensurable.C'était indescriptible. S'il avait su avant tout le plaisir que cela procurait, il l'aurait fait depuis longtemps. C'était si agréable de se laisser aller. En meme temps, ce n'était pas une décision qu'on prenait à la légère quand on ne sait pas ce que cela provoque. De toute facon, il l'avait fait, c'était le principal, il n'avait plus envie d'y penser. Il se laissa retomber dans les lymbes. Malgré tout, il n'arrivait pas à s'empecher de se demander qu'allait penser, ressentir sa famille quand elle saurait qu'il L'avait fait. Une petite voix dans sa tête lui disait qu'elle allait en être horrifié, mais il n'était pas prêt à assumer les conséquences de ce qu'il avait fait. Il se sentait bien, c'était tout ce qui comptait.
Tout à coup, il entendit une voix, venue de nulle part, qui lui demandait de se réveiller. Il tenta de l'ignorer, mais la voix se faisait de plus en plus insistante. Ne pouvait elle pas le laisser ? Au bout d'un temps qui lui parut bien long, il n'en pu plus. Il sentait que cette voix le tirait hors du brouillard si bienfaisant. Pour finir il se réveilla. Ce moment de bien-être était fini. Il allait devoir faire face à la réalité.

Le doute

C'était une personne très savante perdue dans un univers qu'elle ne connaissait pas. Elle ne savait pas comment elle était arrivée là. Tous ses sens ne sentaient rien. Elle était perdue au milieu de rien, la seule chose qu'il lui restait, c'était sa conscience. Était ce ca la mort? La mort était la seule chose qu'elle ne connaissait pas, elle ne pouvait donc pas en être sure. Mais que pourrait ce être d'autre? Jusqu'à maintenant, elle avait eu réponse à tout. Maintenant, elle comprenait la douleur de ceux qui ne pouvaient trouver la réponse à leurs interrogations. Tout son univers s'écroulait. Tout ce qu'elle savait était remis en cause.

lundi 28 janvier 2008

Fonction 54

Je me tenais là, comme tous les samedis, regardant ce que du sucre ou du sel allaient les tuer. Ils faisaient la queue pour moi. J’étais la porte de sortie à leurs gourmandises, le passage obligé pour survivre. Devant moi, se tenaient un clavier et un petit écran. Toutes les secondes, on pouvait entendre un Bip, qui avait l’air de se répéter à l’infini. J’arborais un polo rouge sur lequel était épinglé un badge, où les lettres de mon nom, essayaient de se battre avec celles de mon magasin.
Je m’appelle Ulysse


J’ai commencé à travailler dans ce supermarché il y a près d’un an. Pistonné par mon père, chef boucher depuis des années. Je portais les couleurs du supermarché Batac. Depuis mon arrivée l’été dernier, j’avais assimilé toutes les petites difficultés de la caisse, comme les fonctions par exemple. Chaque fonction entraîne une action. La fonction 61 correspond à la pause déjeuner, la fonction 41 permet d’ouvrir sa caisse et une des plus importantes pour le client est celle que l’on utilise très souvent la fonction 54 : le test prix.


Mais la plus grande des difficultés était bel et bien les clients eux-mêmes. On perd vite ses illusions sur l’humain quand on est à la caisse d’un magasin. Il y a trois types de clients, tout d'abord « le méchant » c’est le client qui va quoi qu’il arrive se plaindre, même si on lui aura fait un sourire à se déchirer les oreilles . Il se plaindra sur la carte de fidélité, qui ne lui rapporte pas assez, il se plaindra qu’il n’a pas pu trouver ce qu’il voulait etc etc. Il y a aussi « le client bis » C’est le client moyen, qui fait ses courses : bonjour, merci au revoir. Il n’y a jamais de problème avec lui, il se dit que nous sommes des robots, que nous n’avons pas de sentiment et au fond, on en deviendrait presque des automates. Et pour finir, le client préféré de tous, dit « gentil client » le gentil client est le client qui va dire bonjour le premier et te faire un grand sourire plein de sincérité, discuter avec toi parfois et te dire bon courage.


Je regardais derrière moi mon collègue de travail Johnny qui machinalement se mettait le doigt dans le nez, et devant moi, l’accueil, où ma responsable Béatrice répondait au téléphone. Je n’ai jamais beaucoup aimé Béatrice, bien qu’elle ne soit pas méchante, elle a toujours été d’une froideur, à faire frissonner mister freez.
A ma droite Youssef, le vigil, un très bon copain, il est adorable...le paradoxe du vigil, un mur plein de gentillesse.
Il était 20h45 ça faisait dix heures que je travaillais à ma caisse. Mes jambes étaient courbatues de douleur, plus aucun client dans le magasin, je pouvais enfin compter ma caisse. Après avoir ramener mon caisson à l’accueil je me dirigeais à l’étage pour reprendre mes affaires et partir par l’escalier du personnel.


Deux jours plus tard : le lycée. Je n’étais pas un bon élève mais j’avais des résultats corrects. Depuis le début de l’année, une fille me faisait littéralement craquer. Elle était brune, pas très grande, mais d’une beauté incomparable. Elle avait le visage fin et elle portait le doux nom d’Eléanor. On ne se parlait pas trop, à mon grand regret d’ailleurs ! Mais j’espérais secrètement l’inviter au cinéma ! L’avantage de la caisse c’est qu’on a du temps à perdre, c’est d’ailleurs une des règles essentielles : avoir quelque chose à penser ! De mes dix heures, j’inventais des nouvelles dramatiques, dramatiques car pour moi les happy ends n’ont pas d’intérêt, lire une histoire qui commence bien et qui se finit bien n’est pas très captivant. Mais mon sujet de rêverie préféré était bien entendu Eléanor. J’imaginais de quelle manière j’allais pouvoir l’aborder ! Mais la peur, toujours la peur. Ce n’est pas parce qu’on côtoie des centaines de clients par jour, qu’on n'en est pas pour autant timide. Grâce ma mère, férue de mythologie ne m’ayant pas gâter au niveau du prénom j’avais une raison de plus pour m’inquiéter !


La semaine passait et déja le samedi. Un homme que j’avais déjà vu plusieurs fois dans le magasin me demanda le prix d’un gros ruban de scotch noir , j’effectuai donc la fonction 54 et je répondai à sa question. Il semblait s’intéresser au magasin car il voulait savoir à quelle heure il fermait, je lui ai répondu qu’il fermait à 20h20 et puis nous nous sommes mis à discuter, cet homme me racontais qu’il avait travailler dans une usine, mais que cette dernière avait fermé. Je pouvais clairement le ranger dans la catégorie des gentils clients . Je l'imaginer voulant travailler à Battac .


Certains jours je trouvais les clients aussi pathétiques les uns des autres . Par exemple un homme qui achète huit bouteilles de vins, achetera autant de bouteilles de Contrex pour se déculpabiliser. Ou dans un autre cas une femme va acheter des galettes de riz bio pour les tartiner de Nutella. Généralement en tant que caissier on entend souvent les mêmes phrases « Mince j’ai oublié les sacs dans la voiture » ou bien quand il s’adresse à nous « j’étais venu pour une bricole » alors que le caddy pourrait nourrir toute l ’île de France. J’en avais de plus en plus marre de Batac, je commençais à réfléchir sérieusement au fait de démissionner bientôt . Mais entre mes désirs de quitter le supermarché, un désir encore plus fort bouleversait mon esprit, celui de demander à Eléanor de bien vouloir sortir avec moi.


Entre deux cours je demandais conseil à Marine et à Lionel, deux de ses amis qui étaient aussi les miens.
Marine était une jolie fille qui travaillait comme moi à la caisse d’un magasin, une fille pleine de vie et d'humour. Lionel, je le connaissais depuis la premiere année du lycée, on ne s’entendait pas forcément en ce temps là mais très vite une complicité s’était créée entre nous deux. Ils me donnèrent pour conseil d’y aller résolument, qu’Eléanore était une fille très douce et très gentille, qu'elle saurait avoir du tact si ma proposition ne lui convenait pas . Sur ces bons conseils je me jeta à l’eau à la récréation .
J’avançais vers elle tout doucement et à chacun de mes pas c'est une décharge d’adrénaline que je me prenais en plein cœur, je suppliais mes genoux pour qu’ils ne me lâchent pas, ainsi que ma langue pour qu’elle ne me trahisse pas.


-Excuse moi, Eléanor j’ai cru comprendre que tu aimais bien le cinéma ?
-Oui j’aime bien pourquoi ?
-Est-ce que tu accepterais d'y aller avec moi... samedi soir ?
-Hum oui pourquoi pas.
- Je peux venir te chercher vers 21h30 ?
-Oui bien sur il n’y a pas de soucis.
-Super à samedi alors ?
-A samedi.


C’était si simple. Etait-ce un rêve ? Je me sentais un peu bête car si je n'avais pas été freiné par ma peur j'aurais peut être eu ce rendez-vous il y a bien longtemps . Mais ça y est j’avais réussi à l’inviter,je sentais mes pieds se détacher du sol et la sonnerie me fit vite redescendre. 10h35 cours de français , je profitais de celui-ci pour espionner entre deux lignes ma future cavalière, ce qui déplut fortement à ma très chère professeur Madame Bernard, qui me ridiculisa devant tout le monde.
«Ulyss quand tu auras fini de te rinçer l'oeil , tu pourras peut etre te focaliser sur mon cour ? »
Pris sur le fait je devenais instantanément plus rouge qu’une tomate transgénique.
La semaine de cours étant finie, j’allais encore devoir travailler ; mon réconfort était que j’allais déposer ma lettre de démission mais surtout, que j’allais enfin sortir avec ma dulcinée.
Samedi mon dernier jour de caisse dans ce super marché. J’enchaînais les clients. Béatrice devait être contente car j’avais dû exploser ma productivité, croyant bêtement que ma rapidité allait faire tourner la trotteuse plus vite.


La journée était enfin finie, il ne restait que cinq employés, j’en profitai pour compter ma caisse à grande vitesse pendant que j'imaginais mon rendez-vous avec Eléanor : J'irais la chercher après le travail, je l’emmènerais au cinéma voir un film dont je lui laisserais le bénéfice du choix. Pendant la séance je me détournerais du film pour regarder les lumières se refléter sur son visage Au générique de fin nos regards se croiseront et nos lèvres feront plus ample connaissance. Pourquoi n'aurais-je pas droit moi aussi à ce quart d'heure naïf, foisonnant de clichés, dont rêvent tous les adolescents?


Mais j’entendis un bruit si fort, si violent que mon rêve éclata en mille morceaux ! Je tournais les yeux vers le sol à ma gauche , je voyais une marre de sang, au bout de celle-ci se tenait à plat ventre Youssef mon ami le vigil qui venait de se prendre une balle en pleine tête par un homme. Je relevais mes yeux et je le vis portant un sac de sport qui semblait assez lourd c’était lui !
C’était le client avec qui j’avais souvent discuté ,c’étais lui qui m’avait raconté sa vie, lui qui m’avait demandé tant de fois d’utilisé la fonction 54.


il s’était caché dans la réserve, attendant la fermeture du supermarché pour certainement voler l’argent des caisses et du coffre. Pas de temps à perdre, il nous fit nous rassembler devant l’accueil d’un geste de son révolver. Il y avait trois caissiers, Béatrice et moi. Notre ravisseur se tourna vers moi et sortit de son sac le gros rouleau de scotch noir que je lui avait encaissé. Il me demanda d’attacher les poignées de mes collègues tétanisés par la peur. C’est fou comme on peut perdre tout courage quand on est sous la menace d‘une arme. J’exécutais donc ses ordres les mains plus tremblantes qu'un junkies en manque et quand tout le monde eut les points liés, il en fit de même pour moi. Aucun moyen de le raisonner, l’homme que j’avais connu gentil, s’était transformé en une bête de violence et de haine. Il ne comptait pas nous laisser en vie, on aurait pu le reconnaître très facilement, mais il n’avait pas non plus l’intention d'user de ses balles pour attirer les foules sur les coups de feu. Alors il nous fit avancer en file indienne vers la boucherie de mon père. Et là je compris.


Il ouvrit la grande porte glacée et nous fit entrer de force dans la chambre froide. Emprisonnés au milieu des carcasses de bœuf que mon père avait commandées, je savais pertinemment ce que j’allais devenir. Pendant qu’on pouvait entendre la scie à métaux trancher l’acier du coffre de Batac, je pensais à mon père, ouvrant lundi matin la chambre froide et me voyant sans vie . Je regardais autour de moi, Béatrice n’avait pas tenu longtemps face à mister freez, il lui avait envoyer un uppercut direct dans la mâchoire la rendant K.O. Les autres avaient perdu connaissance sous l'emprise du froid.

Je vais mourir seul avec mes pensées. Le froid a glacé les aiguilles de ma montre qui indiquent 22h. Eléanor ne me voyant pas venir, croira à un lapin et passera tout le week-end à me maudire avant d’apprendre ma fin tragique. Ses yeux deviendront peut être humides. Hémorragie oculaire, des flots de larmes engloutiront son visage, comme le mien qui doit sans doute ressembler à une patinoire.


J’avais tant de choses à vivre, tant de choses à écrire.
Je sens mon cœur se geler peu à peu, mes yeux se fermer, mes dernières pensées sont pourtant les mêmes qu’avant ce drame. J’imagine une dernière fois comment aurait pu se passer ma soirée avec Eléanor. Jusqu’à ce que les derniers battements de mon cœur mettent fin à ma vie.
Finalement, les happy-end ont peut être de l’intérêt.

mercredi 23 janvier 2008

"ces mots là"

Couplet 1

Regards croisés
L’imagination se met en marche
Tout s’enflamme et soudain
Le doute reprend le dessus
Sur ce que tu caches
Orgueil ou peur, je ne sais plus
Ambiguïté, sous-entendus
Baisser les bras avant le début
Puis regretter de n’avoir rien tenté
Qui sait au fond
Comment tout ça a commencé

Refrain 1

Mais comment te dire
Ces mots-là n’sortent jamais facilement
Il est plus facile de fuir
Même si je mens, même si je mens
Peur de me détruire
En t’avouant..
CES MOTS LÀ ..

Couplet 2

Ce coup de cœur inavoué
Ces pulsions qui restent pensées..
Tant d’occasions manquées
Plus facile de m’évader
Nostalgie des soirées passées
A parler de tout et de rien
A imaginer des plans
Pour contrecarrer le destin
Alors je prend mon courage a deux mains
J’assume même si je dois pleurer
Je dois me jeter a l’eau
Et te dire tous ces mots !
ces mots là..

mardi 22 janvier 2008

Laura.





Clac.clac.clac.clac.crac.clac. " Merde ! ".
Son juron résonne dans la rue, au beau milieu de la nuit. Elle lève les yeux au ciel en maudissant ce talon aiguille.
Je passe à côté d'elle, un sourire compatissant aux lèvres. Elle ne me regarde même pas, et enlève son autre chaussure pour marcher pieds nus.
Je continue ma route, après tout peu soucieuse de l'avenir des gens qui m'entourent. Mes pas me guident, pourtant je ne suis maitre de rien. J'avance sans vraiment m'en rendre compte. Comme si mes pieds ne me portaient plus. Je crois que je vole. Impression de legèreté . Je vois tous ces gens de haut. D'en haut. Ils marchent péniblement, de plus en plus vite, comme s'ils pouvaient lutter contre le temps qui passe. Mais moi, je suis bien au dessus. Tout ça ne m'atteint pas, ne m'atteint plus.Sentiment de liberté. Et je comprends mieu, à ce moment, quand les grands romantiques ont dit pour la première fois que l'amour donnait des ailes.

FLASH BACK

J'ai toujours eu horreur du noir. J'ai peur, ici. Il fait froid, ici. Et tellement sombre...
Je n'ai jamais aimé être seule. Je suis effrayée, maintenant. Gelée, à présent. Et il fait tellement sombre...
Aucune idée de l'endroit où je me trouve. Mais je sais que ce n'est pas là où je devrais être. J'ai cette peur au fond de moi qui me bouffe, et fait sortir les larmes par centaine. A moins que ce ne soit que la pluie battante qui innonde mes joues. Je suis recroquevillée sur moi même, pour me protéger d'un danger invisible, mais omniprésent. J'ai mal. A mes plaies sur mes genoux que je me suis faite en m'écroulant, mais aussi à ma tête qui menace d'exploser. Je n'arrive plus à me relever, et mes tentatives lamentables de remise sur pieds m'épuisent au point que je n'arrive même plus à ramper. J'ai l'impression que la pluie est si forte qu'elle m'écrase encore un peu plus au sol...

Il est arrivé, ses pas résonnant dans l'allée et à l'intérieur de mon être glacé.
Mais cette fois, je n'avais plus peur.
" Chut, tout va bien maintenant."
Les larmes arrêtèrent d'innonder ma peau.
Et mon visage n'était à présent plus que noyé dans un sourire apaisé.

FIN FLASH BACK

Il ne m'a jamais demandé pourquoi il m'avait retrouvé dans cet état. Et moi je ne voulais pas savoir ce qui l'avait poussé à venir me sauver. Je preférais mettre ça sur le dos du destin. Pour ajouter un peu plus à la magie qui s'opérait entre nous deux. Il m'avait accompagné chez lui, m'avait prêté un de ses longs tee shirt, ainsi qu'une grande couverture pour couvrir mes jambes nues. Cette soirée se passa presque dans le silence, juste quelques mots furent échangés. Et je lui en étais infiniment reconaissante. Je ne voulais en aucun cas aborder le pourquoi du comment je m'étais retrouvée allongée au milieu de cette route en plein milieu de la nuit. Non pas que la réponse était inavouable. Mais je ne m'en souvenais absolument pas.
J'appris qu'il s'appelait Charles, et qu'il était agé de deux ans de plus que moi. Il me raconta poliement quelques bribes de sa vie, uniquement lorsque je lui posais des questions. Une fois mes affaires sèches et mon chocolat chaud vidé jusqu'à la dernière goutte, je le remercia legèrement, trop absorbée par ses yeux pour pouvoir prononcer de grands discours. Mais les miens exprimaient bien plus que de la reconnaissance.

Je le croisa dans le bus, quelques jours plus tard. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais cela ne m'étonna pas. J'avais la conviction que ce n'était pas un hasard, ou alors que Charles l'avait provoqué. Nous parlâmes bien plus que la dernière fois. Tellement plus que j'en louppa mon arrêt. Nous decidâmes alors de rester dans le bus, jusqu'au terminus, bien que nous n'avions aucune idée d'où ce dernier se trouvait. Et c'était bien mieux comme ça, sinon jamais je n'aurais osé m'aventurer si loin avec quelqu'un que je connaissais à peine.
La nuit était tombée, et la pluie était entrain de faire de même. Après avoir constaté que nous avions atteri à des kilomètres de chez nous, nous nous abritâmes sous un abri-bus.J'étais perdue dans mes pensées, les yeux au loin. Il me pris la main, et je déposa ma tête sur son épaule acceuillante. Nos gestes se firent tellement naturellement, que lorsque je m'allongea sur ses genoux, dans ses bras, rien n'aurait pu me paraître plus annodin. Et plus agréable.
Nous nous revîmes des dizaines de fois, pour finalement ne plus nous quitter. Parfois, il m'enmenait, loin. Où ? Dans un endroit merveilleux. Là où l'horizon est aussi vaste que notre amour, disait il. C'était tellement romantique que ça en devenait pathétique. Mais moi, j'aimais ça. Il m'y transportait par les histoires qu'il me racontait, parfois en chantant, parfois en murmurant. Il me racontait qu'on s'enfuiraient un jour, tous les deux. Il ne cessait jamais de le repéter. Dailleurs, il me le dit encore. Et ça me fait rêver.

Je suis bientôt arrivée. Enfin. Je n'aime pas rester seule la nuit, comme ça. C'est bien parce qu'il m'attend là bas que je fais cet effort. Parce que oui, il m'attend. Cette pensée me fais sourire, et rire même, rien qu'en imaginant son regard en me voyant. Son regard pétillant, de malice et d'envie. J'imagine les baisers qu'il me prépare. J'ai tellement hâte. Je sautille presque dans la rue, de joie et d'impatience. On dirait une gamine de 5 ans. Les passants me regardent comme si j'étais folle. Mais leurs avis m'importe peu, tant que je suis belle à ses yeux.

Une grande maison se dresse fièrement devant moi. J'entre d'une démarche assurée au coeur de la soirée. Cette grande réception, organisée par ma soeur, pour fêter le succès d'un de ces bouquins, promet d'être ennuyeuse à souhait. Mais j'y vais, car ma non présence pourrait faire mauvais genre, et également pour faire plaisir à ma soeur. Apres avoir franchi la première salle, je l'aperçois, en conversation avec un homme qui me dit vaguement quelque chose. Je m'approche d'elle, et tend la main à l'homme." Mademoiselle Ledouet! " crit il, un sourire faux accroché aux lèvres. Une discussion sans grand interêt s'établit. J'y suis. C'est le medecin que l'on va voir, parfois, ma soeur et moi. Disons plus franchement que c'est ma soeur qui veut que je l'accompagne. Je n'sais pas trop pourquoi elle y tient tant, à vrai dire ni elle ni moi n'avons besoin d'un quelquonque medecin. Sois disant que je dois lui raconter mes problèmes, et que tout ira mieux ensuite. Ma soeur a toujours eu des idées spéciales. Pour lui faire plaisir, je vais voir ce monsieur, et lui raconte quelques bribes de ma vie, m'amusant à fabuler, certes un peu trop souvent. C'est tellement drôle de mentir aux inconnus.
Je m'échappe de la conversation en cours, à la recherche de Charles. Evidemment, cet abruti n'a pas de portable. Il me fait rire, avec ces manis complètement vieu jeu. Je souris, en pensant qu'il demandera peut être la permission à mon père avant de me demander de l'épouser.
Après avoir dit bonjour à plus de personnes inconnues que connues, après leurs avoir fait croire que bien entendu, je me souvenais d'elles et après avoir fais le tour de toutes les salles de la villa où Charles était susceptible d'être, j'en vins à la conclusion qu'il n'était pas encore arrivé.
Je commence un peu à m'inquieter, et tout ce bruit autour de moi me donne mal à la tête. A moins que ce ne soit le champagne. Je sors prendre l'air sur le balcon, et l'effet vivifiant du froid de novembre ne se fait pas attendre. J'alla m'appuyer sur la rambarde, alors que deux mains encadrèrent mes hanches.

"Tu te fais désirer, à ce que je vois, lui dis je toujours dos à lui.
_ Oui. Tu étais trop impatiente..., rit il dans mon cou.
_ Je le suis toujours!

Je me retourne vers lui, avant de l'embrasser amoureusement. Ce qu'il m'a manqué...
" Je reviens " murmure t il, et avant que je n'ai pu discuter, il s'éclipsa.
C'est alors que je vis que ma soeur était présente sur le balcon. Je lui souris, et elle essaya de m'imiter, mais sa tentative se transforma en grimace confuse.
Je fronce les sourcils et décide d'engager la conversation pour comprendre ce qui ne va pas pas.

" Tu as vu Charles?

Elle me regarde fixement, avec un expression que je ne saurai pas qualifiée. Comme si je l'effrayais.

_ Je ... Non, dit elle, la gorge serrée.
_ Ca ne va pas?
Elle sourit tristement.
_ Si, je vais très bien. Il faut qu'on parle, Laura.

Elle avait toujours cette manie de caser mon prénom à la fin de ses phrases quand elle avait quelque chose d'important ou de lourd à me dire. Je commence à la connaître, ma soeur. Bientôt 21 ans d'existence commune, et presque plus aucun secret pour moi.
Mais enfin, où est Charles? Il devrait être revenu depuis le temps. Je n'ai pas aimé la façon qu'il a eu de me faire attendre, ni la façon dont il est si vite reparti. J'espere qu'il sera bientôt là. Je m'ennui tellement de lui, et sans lui.
Le regard insistant de ma soeur pèse sur moi, et je me souviens alors de ce qu'elle vient de me dire.
_Oui, biensûr, dis je précipitamment.

Je m'assis sur la rembarde du balcon et ma soeur vient se mettre face à moi, en prenant mes mains dans les siennes. Elle ne lève pas les yeux vers moi, et j'en profite pour chercher Charles du regard. J'ai la sensation qu'il ne va plus tarder à arriver.

Et c'est avec une émotion indescriptible dans la voix, des sentiments indechiffrables dans les yeux, qu'elle finit par brisé le silence trop lourd.

" Tu es psychotique, Laura.

Je ne comprend pas. Psychotique? Je n'en ai jamais entendu parlé. Charles sera bientôt là, je suis sûre qu'il m'expliquera, lui. Il passera des heures à chanter des mélodies que nous seuls connaissons. Et je m'endormirais, tout contre lui, alors qu'il me racontera ce que c'est, que d'être psycothique. Et nous en rirons. Lui et moi, c'est tellement fusionnel.

_ Psychotique? je répète, en souriant, perdue dans mes rêveries.
_ ... Tu es malade, tu comprends?

Et même bien plus que fusionnel. Notre relation n'a jamais été passionnelle. Mais ô combien meilleure. Sa présence m'appaise, son parfum me calme, sa voix me rend tout simplement heureuse. Non, nous ne vivons pas une histoire banale. Nous vivons une idylle simple.
J'ai oublié de quoi me parlait ma soeur. Ca ne devait pas être si important que ça. Du moins pas aussi important que Charles. Mais elle semble attendre une réponse, une réaction, n'importe quoi.

_ Charles arrive bientôt tu sais, dis je, un sourire ne quittant pas mes lèvres.

Elle ne répond rien. Je crois qu'ils ne se sont jamais rencontrés, mon amour et elle. Mais maintes fois je lui ai parlé de Charles, et vice versa. J'ai raconté à Charles combien ma soeur comptait pour moi, et qu'elle aurait put être la personne la plus importante de ma vie, s'il n'avait pas été là. Mais maintenant qu'il était entré dans ma vie, qu'il avait pénétré mon coeur, et s'était encré dans mon âme, rien ni personne ne le remplacerait. Personne ne peut rivaliser avec l'amour que j'ai pour lui. Personne.

_ Non, Laura. souffle-t-elle.

Ses paroles manquent tellement de force qu'elles me font sortir de mes pensées. J'essai de comprendre ce qui lui prend, mais en vain.
Moi, malade? Juste de lui. Que va-t-elle s'inventer? Biensûr qu'il viendra.
Je le sais. Je le sens.
Je ne comprend pas non plus, pourquoi ses yeux brillent si fort.
Je crois qu'elle essait alors de me dire quelque chose, mais je ne l'écoute plus du tout, cette fois. Il est là. Et c'est tout ce qui compte. Je me lève de la rambarde, un immense sourire aux lèvres. Je vais enfin pouvoir le présenter à ma soeur.

" Charles! M'écriais je "

Et ma soeur éclate en sanglots. Je fis volte face et la découvrit la tête dans les mains, pleurant à chaudes larmes, assise à terre. Je m'agenouilla alors auprès d'elle, et d'une petite voix rassurante je lui murmura " Sèche tes larmes, ma soeur adorée. Charles est là maintenant, tout ira bien " . Elle relève ses grands yeux bleus pleins de larmes vers moi, et je vis dans son regard une peine immense. Comme si ... Je la désolais? Et même plus que ça.
Je ne l'avais jamais vu aussi triste. Comme revoltée contre quelque chose contre laquelle elle ne pouvait pas lutter.

" Charles n'existe pas. "

Elle avait mit dans ses mots tellement de sincérité que je l'eu presque cru... Si Charles n'avait pas été entrain de caresser doucement mon épaule.
Et dans un souffle, une larme, comme si elle venait de trouver le courage de m'avouer ces quelques mots, elle me dit :" Il faut te faire interner. Tu as besoin d'aide. "

Ce furent les dernières paroles que j'entendis de sa bouche, avant que " l'on m'interne ".

[...]

Les semaines passèrent et beaucoup de gens m'interrogeaient sur Charles. Je me laissais parfois aller à leur raconter nos moments d'amoureux, perdue dans mes souvenirs. Et puis ils voulaient savoir depuis quand je le connaissais, ou plus exactement la première fois où il m'était ' apparu '. Je ne comprenais pas pourquoi ils employaient un vocabulaire si étrange pour parler de lui. Et je n'aimais pas de trop leurs questions qui franchissaient la barrière de ma vie privée, et de très loin. Ils semblaient vouloir fouiller en moi jusqu'à m'extirper la moindre pensée intime. Ils voulaient tout savoir. Tout. Et plus le temps défilait, moins j'avais envie de leurs raconter nos souvenirs, à Charles et moi. Il y avait quelque chose de malsain dans leurs interrogatoires. Alors je me renfermais un peu plus, pour ne m'ouvrir que dans la bulle que l'on s'était créé, Charles et moi.
Mon Amour venait de moins en moins me voir, au fil du temps et des médicaments, et cela ne me convenais pas du tout. Depuis des mois, je n'avais plus le droit de sortir d'entre ces quatres murs. L'hôpital était grand, et assez bien entretenu. Mais ô combien trop blanc.Sentiment de captivité. Je restais blottie à côté de la fenêtre. Et j'attendais Charles. J'ai de vagues souvenirs de lui, venant me voir ici. Mais ils sont tellement flous que je me demande si je ne les ai pas rêvé.Impression d'être délaissée.
Je refusais toute visite de ma soeur. Et jamais plus, je ne voulais la revoir. Comment avait elle pu me faire ça, à moi ? Comment a -t- elle osé me séparer de Charles? Elle sait, pourtant, qu'il est toute ma vie. Les larmes coulent une nouvelle fois sur mes joues. Elle m'a trahi.

Ce n'est que des mois plus tard que j'entendis à nouveau le son de sa voix. Elle s'entretenait, dans la salle à côté, avec le docteur.

" Vous savez, depuis de nombreux mois votre jeune soeur est internée chez nous.
_ Oui, docteur.
_ Il semblerait que son état se soit stabilisé, que ses hallucinations se fassent rares, voir inexistantes... Je crois que les médicaments que nous lui avons administré ont miraculeusement marché.
_ Et ?
_ Et les multiples thérapies ont semblé porter leurs fruits.
_ Elle va sortir?
_ Les cas de guérisons sont exceptionnellement rarissime. Guérir de ce genre de mal est quasiment impossible. Mais son trouble mental n'ayant jamais été des plus affolants...
_ Venez en au fait.
_ Un peu de patience, mademoiselle. Je disais...
_ Un peu de patience? Dit ma soeur en se relevant. Vous me demandez d'être patiente? Savez vous, monsieur, depuis combien de mois j'attends? Avez vous la moindre idée du temps que j'ai passé à me demander si j'avais fait le bon choix en vous l'amenant ?!
_ Il est évident qu'il fallait nous l'amener...
_ Livrer ma propre soeur! Celle que j'ai toujours su protéger! La condamner à un enfermement durant des mois d'enfer ... , s'écria ma soeur.
_ Je suis conscient du traumatisme que vous avez pu ressentir en voyant votre soeur dans ces états mais c'était nécessaire pour sa guérrison.
_ Comment j'ai pu faire ça, sanglota ma soeur. La laisser, ici, dans cet hôpital. Toute seule.
_ Vous ne pouviez pas la protéger de sa maladie, mademoiselle. Il le fallait.
_ Et tout cela pour quoi? s'enerva - t - elle, les yeux pleins de larmes.
_ Votre soeur pourra sortir dès après demain. "

Et deux jours plus tard, je sortis. Ma soeur vint me chercher en voiture. Pas un mot, pas un regard. Elle cherchait le mien, que j'étais obstinément décidée à lui cacher. Elle ne le méritait plus.
On arriva à mon appartement, jusqu'auquel elle monta avec moi. Là encore, le silence était pesant. Elle deverrouilla la porte silencieusement, et partit ouvrir les volets. Mon appartement puait le renfermé. C'était tellement étrange de revenir ici...Une fois qu'elle eût finit de remettre en ordre mon logement, elle vint me rejoindre dans le salon. Elle resta debout, hésitante. Puis, d'une démarche rapide, elle vint déposer un baiser sur ma joue.

" Je suis tellement heureuse que tu sois enfin sortie..."

Elle me serra dans ses bras, elle cherchait mon étreinte. Comme pour soulager sa conscience.

" J'aurais préféré ne jamais y rentrer"

Mes mots la blessèrent, je le savais. C'était le but, mais je ne pus m'empêcher de le regretter, un peu, en croisant son regard coupable.

_ Pardonne moi Laura.

Elle s'en alla. Elle me laissa seule, dans cet appartement qui ne me rappelait rien, qui ne signifiait plus rien pour moi. Elle me lâcha dans une nouvelle vie, vie que je n'avais aucunement envie de recommencer. Là encore, je me sentis seule.

_ Attends ! la suppliai-je "

Mes mots la retinrent, et elle se stoppa dans l'encadrement de la porte. Elle entendit dans le son de ma voix que j'avais besoin d'elle.
Elle resta avec moi tout l'apres midi.Le soir venu, nous tombions de fatigue.
Elle se leva, et prit la direction du couloir, surement pour aller chercher son manteau.

" Reste ici ce soir, la suppliai-je encore une fois.

Elle s'approcha de moi, étonnée.

_ S'il te plait, rajoutais-je.

Elle sourit, heureuse de ma demande.

_ Je n'avais pas l'intention de partir, m'avoua-t-elle.
_ Ne me laisse pas.

Mon ordre ressemblait plus à un appel au secours. La larme qui coula sur ma joue ne fit que confirmer ma detresse. J'avais besoin d'elle.

_ Je ne te quitterais plus. C'est fini maintenant ... "

Elle me prit dans ses bras. Cette fois, je lui rendis son étreinte. Nos larmes se mélèrent, avant que nous n'allions nous coucher.

[ --- ]

Je suis dans la cuisine, et je rigole doucement. J'espère que je ne fais pas trop de bruit... Je n'ai pas envie de reveiller ma soeur.

" Laura ...? "
Trop tard. Je jette un coup d'oeil à l'horloge : 3h24. Mince...Elle arrive en se frottant les yeux.
" Mais qu'est ce que tu fou Laura, il est 3h du mat' ...
_ Je sais, excuse moi, dis je en souriant. On voulait pas te reveiller...
_ On ?
_ Oui. Regarde, Charles a renversé tout le lait! pouffais-je .

Je vis dans ses yeux une expression si forte que j'aurai pu croire qu'elle venait de voir son monde s'écrouler. Elle fixe alternativement la flaque de lait et mon visage rieur. Le sien se décompose.

_ Charles? " mumure-t-elle, la voix brisée.

Je m'approche d'elle. Ca y est, ils se rencontrent enfin .
_ Il est beau, non? je lui demande avec un grand sourire. "

Elle ne répond rien, et son regard fixe l'endroit où Charles se trouve. Pourtant, ses yeux semblent perdus dans le vide. Elle tourne la tête vers moi, et scrute mon visage, comme si elle y cherche des réponses.

_ Je croyais que tu ... souffle - t - elle.

Je ne pus m'empêcher d'exploser de rire.

_ J'ai juste finit par leur dire ce qu'ils voulaient tous entendre, ce qu'ils m'avaient suggéré tant de fois implicitement, mais que j'avais toujours fait semblant de ne pas comprendre pour ne pas avoir à l'approuver. Je ne voulais pas mentir tu sais. Mais je n'avais plus le choix .

Elle me devisage alors, du même regard qu'elle affichait lors de notre dernière discussion avant mon séjour à l'hôpital. Mon rire ne l'atteint pas, au contraire, il semble l'effondrer.
Et je réalise alors que ma soeur est sur le point de réitérer l'histoire, de me faire revivre ce cauchemard de l'hôpital. Mon rire s'envole, mon expression joyeuse se dissipe.
Peur, panique.
Non!
Elle avait promi que tout ça était derrière nous. Elle allait me séparer de Charles à nouveau ! Je ne peux pas la laisser faire ça...
Il représente à lui seul mon univers, tout ce autour de quoi tourne ma vie.
Elle ne m'éloignera plus jamais de lui.

" Tu ne diras rien à personne n'est ce pas?

Elle ne répond rien.
Ma respiration se fait plus forte. Pourquoi? Pourquoi elle ne répond pas? Il faut qu'elle me dise qu'elle ne me conduira pas là bas!
Je vois qu'elle est perdue et qu'elle ne sait pas quelle réaction adoptée. Je m'en contre fou, elle doit répondre ! Je ne peux pas courir le risque. Je ne peux pas revivre des mois sans lui. Je ne peux plus. Je n'ai malheuresement pas le choix.
Je la plaque contre le mur de la cuisine et sa tête s'y heurte violemment.

" Tu vas me faire interner! Je le sais ! Dis le ! "

Mes mains se serrent autour de son cou sans que je ne m'en rende vraiment compte. Mon visage est déformé par la colère, et le siens par la peur. Je ne réalise rien, à part que Charles est l'homme de ma vie. Ma voix résonne dans toute la pièce alors que la sienne n'est qu'un murmure. Seuls quatre mots arrivent à sortir de sa gorge trop compréssée.

" Tu es folle Laura ... "

Je ne vis pas partir le cou. Je me pli de douleur, alors qu'elle court pour sortir de l'appartement. Je me lance à sa poursuite, dans les escaliers. Nous arrivons sur le trottoir, et c'est en plein milieu de la route que je la plaque sur le bitum.
Cette fois, c'est elle que la pluie écrase.
Mes poings s'abbatent sur son torse alors qu'elle me crit d'arrêter.

" J'suis ta soeur Laura! C'est moi... a-arrête ! "

Ses yeux appeurés et suppliants finissent par se révulser. Elle est prise de violentes convulsions alors que me mains étranglent un peu trop fort son cou.
Mes doigts se dessèrent difficilement, et c'est à mon tour d'être prise de spasmes.
Elle ne nous séparera pas.
Je regarde son visage, ses beaux yeux qui ne s'ouvriront plus jamais.
Est ce que ça en valait vraiment la peine?
Tuer ma soeur. Ma propre soeur. " Je suis ta soeur Laura ! ". Sa voix cogne dans ma tête, aussi fort que mon coeur dans ma poitrine.
Mes mains tachées d'un sang similaire au mien, je me retourne vers Charles qui me sourit. Et son sourire me fait réaliser que même si la pluie n'arrive pas à me laver du sang de ma soeur, de mon sang, les baisers de Charles me laveront de tous mes pêchers.

Les sirènes de police me bercent alors que Charles vient déposer un baiser sur ma tempe. Encore une fois, la pluie afflue et mes habîts collent à mes blessures, se gorgeant de sang.

" Tu n'as jamais été aussi belle... , me confit il. "

A l'entente de ce chuchotement, je suis libérée du dernier doute, du dernier remord. Persiste juste un arrière goût. Un arrière goût de regret, de ne pas l'avoir fait plus tôt.

Je volerais, violerais, tuerais n'importe qui, pour que Charles me trouve encore plus jolie. Parce qu'après tout, c'est la seule personne que j'aime réellement .Et je pourrais salir mon âme de tous les crimes, s'il m'aime souillée.

Ne fais pas pleurer mon ciel by Cécilia Loah

Contrairement au reste de ce blog ceci n'est pas une nouvelle mais une chanson écrite par moi-même.

Ne fais pas pleurer mon ciel
Refrain:
Ne fais pas pleurer mon ciel
Ne laisse pas les nuages m'envahir
Je veux revoir tes lèvres miel
Et regarder la tempete s'évanouir
Ne fais pas sombrir mon ciel
Tend moi la main pour me sauver
Je veux voir mon arc en ciel
Et me dire que nous pouvons encore espérer

Dans ma journée mausade
Aliénant les ombres de ma vie
Je recherche une beautée moins fade
Qui me redonnera le gout et l'envie

Fabriqué dans un monde de laideur
Disant bonjour à la noirceur
Je me lève avec tristesse
En sentant m'envahir de faiblesse

Pont:
Et je regarde en l'air
Plus loin dans le ciel
Car la haut, vers le ciel
Les anges se déchainent
Refrain

Relever les yeux ne servirait pas
A retrouver la lumière d'un sourire
Si je pouvais escalader ces rempart
Essayerai je alors de m'enfuir?

Tout se brise si je me cache
Mais je tombe et fait naufrage
Je regarde seule dans un parc
Le ciel qui me tend comme un arc
Pont
Refrain
Je regarde seule dans un parc
Le ciel qui me tend comme un arc
Mon ciel que tu as fait pleurer
Ce ciel qui ne veux plus respirer

lundi 21 janvier 2008

L’empire de l’âme




La première fois que j'ai rencontré, Zoé je fus captivé par ses yeux,
ils étaient d’un noir que je n’avais jamais vu auparavant.
Comme si ses yeux aspiraient les ombres qui dansaient autour d’elle.

Cette première rencontre n’était pas un hasard, cela faisait plusieurs mois que nous entretenions une correspondance, correspondance qui avait été le fruit de la coïncidence; un jour j’avais envoyé une lettre à ma chère tante malade, et je reçus une semaine plus tard une lettre d’une délicate Zoé qui m’informait que je m’étais tromper d'adresse .

Pourtant bon nombre de fois je pensais à cette dite erreur et bon nombre de fois j'en conclu que jamais je ne m’étais trompé.
Quoi qu’il en soit je trouvais dans les écrits de Zoé une forme d’attirance et j’avais hésité quelques jours avant de me décider à lui envoyer une lettre de remerciement suivie d’une petite question pouvant susciter une correspondance entre mon inconnue et moi-même.
Nos premières lettres consistaient à nous découvrir, elle me parlait de sa passion pour la poésie, le théâtre, et la peinture, je lui parlais des miennes , de la musique classique que j’écoutais , de la poésie et des étranges écrits que je pouvais lire . Quelques lettre plus tard elle me demanda quel genre d’écrit je lisais , ces écrits que je qualifiais d’étranges étaient en réalité me provenaient d'un vieux journal intime que j’avais dégoté dans un vide-greniers, la couverture m’avait tout de suite plu, elle était faite de cuir marron et le titre était brodé de fil noir , titre qui suscita aussi mon envie de m'adonner à ses pages.

Mais ces écrits que je trouvais étranges n’avaient rien de comparable à ceux de Zoé qui m’envoûtaient totalement. Il pouvait m’arriver de lire dix, voir quinze fois les lettres de ma mystérieuse correspondante avant de lui répondre. Ses mots avaient un pouvoir sur moi, ils pouvaient me donner le sourire , ou bien torturer mon âme. Et je sentais que j’aurais énormément de mal à me sortir de cette emprise , mais au fond je le savais déja, je ne voulais pas en sortir. De toutes les personnes du sexe opposé que j’avais pu rencontrées avant, Zoé marquait par sa différence.
Je pouvais constater dans ses lettres qu’elle possédait une intelligence qui m’effrayait , une intelligence qui certainement me dépassait, ce qui avait pour effet de me frustrer au plus au point. Mais je m’étais bien volontiers de coté mes petits complexes. Après plusieurs mois d’incompréhension face au sentiment que je pouvais ressentir pour une personne que jamais je n’avais vue, je fis avec un très grand trac la demande d’une rencontre à Zoé .
J’attendis trois semaines avant d’avoir une réponse . Réponse qui fut positive.

Nous nous étions donné rendez-vous sur une place publique pour qu'elle m'accordât ensuite une tasse de thé dans sa demeure. Je sus en la voyant que mon âme ne la quitterais jamais plus. Quand je lui avoua entre deux gorgées de thé parfumé à la cannelle mes sentiments un ange passa et la main glaciale de mon adorée se posa sur ma joue. Et ce fut ainsi que nos lèvres s'effleurèrent pour la première fois.

Notre passion était telle qu’elle nous fit nous unir à l’autel un mois plus tard.
Nous vivions une vie certes paisible mais notre amour n’étais pas quantifiable. Elle se livrait à sa passion qu'était la peinture , mais Zoé n’étais pas ce genre d’artiste optimiste à peindre des arcs-en ciel ou de beaux soleils, non ses toiles étaient la plus part du temps faites de couleurs ternes , de gris et de noir. Aussi noir que ses yeux qui n’avaient jamais cessés de me tourmenter, quand son regard adamantin se posait sur moi , je le sentais transpercer, lapider mon âme.
Pendant que mon amour prêtait son attention à ses toiles je portais la mienne à ma lecture , lecture qui me troublait de plus en plus . Dans ce journal intime, peu a peu on pouvait constater que cet homme qui paraissait totalement banal, tombait jour après jour dans les ténèbres et devenais violant avec sa femme. Les semaines passaient jusqu'au jour où j’eus fini le fameux mémoire et ce jour même ma tante succomba de sa maladie.

A partir de ce jour mes nuits ne trouvèrent plus le sommeil, ce qui affecta considérablement mon caractère et par la même occasion mes relations avec mon entourage, en l’occurrence ma tendre épouse. Un nuit, deux nuits, trois nuits , mes yeux continuaient à rester ouverts, le monde devenait tout d’un coup différent. Les tendres caresses de Zoé se faisaient ressentir comme des griffures , sa douce voix devenait une torture pour mes oreilles. Je devenais aigri, violent, tout était prétexte à me disputer avec elle, mais cette dernière ne réagissait pas, elle semblait ne pas m’en vouloir.
Deux semaines ont passé, je ne la supportais plus , je ne me reconnaissais plus dans le miroir mon visage s’était durci, les cernes l’avaient envahi. Lorsque je la voyais mes poings se serraient. Le soir dans la salle à manger je la regardais j’avais cette envie de l’étrangler à chacun de ses mots. Elle me regarda un instant et me dit « Je t’aime quoi qu’il arrive »
J'étais ténatisé sur le moment; elle avait dit ça comme si elle savait ce qui allait arriver .
Mais pour moi ce furent les mots de trop, je fis voler la table qui nous séparait
avec une force que je ne me connaissais pas , quand je l'eus face à moi je la poussa avec une telle puissance que son crâne vint se cogner contre le mur à un mètre derrière elle.
Laissant une traînée de sang quand elle glissa le long de celui-ci . Sa glissade la fit se retourner sur le dos , elle était morte mais quelque chose n’allait pas; je ne me sentais pas mieux. Ses yeux , ses yeux noirâtres me fixaient toujours, comme possédé je me mis à genou et de mes doigts tremblants j’arrachais ses yeux de leurs orbites pour qu’il ne me tourmentent plus. A coté d’elle se trouver le journal que j'avais fini deux semaines plus tôt, on pouvait y lire les derniers mots : « ses yeux pour qu’il ne me tourmentent plus ».